Archive mensuelle de mars 2010

Il y a…

 

Il y a ce feu,

celui des cabrioles,

des chevaux,

des gazelles,

des paons ailés,

des tourterelles,

de toutes sortes de mots

qui volent

et tourbillonnent

comme des mouches,

aux heures de grande chaleur,

sans trop savoir vers où aller…

*

Il y a l’accalmie

de la mer,

ces lieux

où l’horizon des yeux

n’a pas d’autre mouvement

à suivre qu’un chant

rempli de plaine, de fleuve

et de repos…

*

Il y a aussi ces jeux

de tendresse

que l’on ne se

raconte pas

mais qui parlent par le visage

ou par les gestes…

 

Bernard Perroy

    *

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  Pauline – Terri  Rose

(pour en savoir davantage sur  la peintre Terri Rose, voir « Arrêt sur… » et « Albums photos »)

Un mot sur Terri Rose…

Portraits de Shoah
par Bernard Perroy

.
© article paru dans le mensuel « Feu et Lumière » n°259, mars 2007

.

Terri Rose a peint 37 tableaux intitulés Portraits de Shoah. Ils nous transmettent ce que l’artiste porte sans doute en elle de plus profond. Ils viennent nous rejoindre dans ces mêmes profondeurs où tout se décide, d’abord pour nous-même, mais aussi pour l’humanité…

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Shlomo, Vania, Sal et Mendel – © Terri Rose


Terri est née aux U.S.A. d’une mère juive aux ascendances autrichiennes et d’un père polonais immigré. Elle se souvient de son enfance marquée par une pesanteur, une lourdeur, non forcément exprimée… « Plus tard, dit-elle, j’ai compris tout l’héritage de ce poids dû au passé de ma famille dont beaucoup sont morts dans les camps de concentration. »

.

Une immense boîte

Terri se met alors à enquêter sur sa généalogie ; elle regarde sur internet le Yiskor Book (Yiskor : prière pour les morts). « Je n’ai rien trouvé sur ma famille, dit-elle, mais j’ai découvert tous ces milliers de noms défilant sur l’écran… ». Un déclic s’est fait en elle : « Ce ne sont pas seulement des noms ; derrière ces noms, c’est le mystère de vies entières ! » C’est comme cela que des visages lui sont apparus en imagination : « En peignant, c’était comme si des gens avaient envie de venir et venaient !… Ces visages ont chacun leur histoire. » Mais Terri insiste pour dire que ces portraits sont tous imaginés et qu’elle ne s’est appuyée sur aucun document, aucune photographie ; seulement sur ces listes interminables de prénoms.


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Le départ – © Terti Rose


Elle sort une immense boîte, comme une boîte d’anciennes photos ou de chocolats ! Elle en sort délicatement un premier portrait emballé dans du papier fin, puis un autre… et les commente tour à tour : « Celui-là, c’est un rabbin, un résistant ! (…) Olga, c’est une Russe (…) Ça c’est un couple qui se dit au revoir (…) Esther, dans la chambre à gaz, se déshabille, un peu pudique, car elle est tout de même jeune, elle a honte en même temps qu’elle se sait belle : c’est un moment ambigu… ». Et l’on découvre ainsi, avec beaucoup d’émotion : le voleur de pain, Alex le violoniste, le Muselmann (terme des camps pour désigner les gens devenus comme des morts vivants : « Ils sont là de corps, mais leur esprit est déjà un peu parti »). Et puis, il y a cette petite fille d’Auschwitz ou des tableaux manifestant la violence reçue, la peur, la faim, la honte ou la solitude, avec cette tête penchée, repliée comme sous le poids d’un immense fardeau… La couleur bleue – « rare chez moi ! » précise Terri – confirme l’intensité du sentiment…


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La solitude – © Terri Rose


Des êtres à part entière

« J’ai ici une façon de peindre que je n’avais pas avant. » Terri s’adonnait alors à quelque chose de plus “design”, laissant moins de place au sentiment. De ces Portraits de Shoah – représentant parfois des situations extrêmes – se dégage beaucoup de gravité, mais il n’y a jamais rien de morbide. Ce sont des regards intenses, percutants, sur des visages souvent décharnés, dans lesquels subsiste malgré tout une étincelle de vie. Pour Terri, ces portraits ont été un moyen d’exorciser ce passé si lourd, d’en parler, d’être apaisée.


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Le Ghetto – © Terri Rose


Terri parle d’Ana, d’Élie, de Chaïm, de Babouchka, de Shlomo… comme si elle les connaissait, les aimait. Ils sont devenus à ses yeux des familiers et des personnes à part entière ! On retrouve par exemple Alberto par deux fois : Il deviendra fou ; Vania revient également dans un autre tableau : Il survivra au camp… Pour Terri : « Le grand artiste, c’est le Créateur qui transmet le beau avec tant d’amour et qui n’est pas dans ce que les hommes ont fait de lui !.. Et je me sens comme un outil vis-à-vis de cela. » L’artiste a la satisfaction d’avoir fait ici une œuvre importante pour elle-même avec ce sentiment d’avoir vécu “le grand rendez-vous qu’il ne fallait pas rater ! »


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Lever du jour – © Terri Rose


Au-delà du caractère purement personnel de l’œuvre, ce travail est devenu un “outil pédagogique” (1). Dépassant toute idéologie, culture ou religion, Terri désire œuvrer pour la paix : « Je souhaite que mon travail ne soit pas une iconographie de la tristesse, mais un véhicule vers une vraie réflexion sur la condition humaine pour les générations à venir… ».

**

(1) Portraits de Shoah est une exposition itinérante (non à vendre) qui s’adresse – à la demande – à tous : scolaires, galeries, lieux de culte de toute religion, autres… (Tél. 02.41.95.50.02. / 06.77.49.86.05.)

**

Biographie succincte

- Née à New York en 1962, vit en France depuis 1982 ; mariée, mère de deux enfants ; fût élève au Hight School of Art and Design et à l’Adelphi University de N.Y.C. ; voyage ou séjourne en Israël, Afrique, Europe…
– À Paris, exerce jusqu’en 1994 dans les métiers de la publicité et du décor de théâtre, puis décide de se consacrer exclusivement à la peinture ; s’installe en Anjou.
– Travaille souvent sur des séries : « Les natures mortes” (sur toile), “Portraits de Shoah” (sur carton), “Les nus” (monochromes). Travaille actuellement sur une série de paysages…


© article paru dans le mensuel « Feu et Lumière » n°259, mars 2007
(voir en marge à droite dans « Albums photo dans « Albums photos« )

En chemin…

 

*

Souris

à l’incendie

qui te dévaste

et te rehausse

à la fois...

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.

*

Ouvre

en toi

la fenêtre

 .

et regarde

affluer

la lumière

de partout

 .

et bois

ce qui peut

d’heure

en heure

 .

te rendre

à la joie…

 .

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.

*

Viens

et parle

et chante

et danse

dans la lumière…

.

Accueille ce qui te parle

depuis un horizon

ou un visage…

.

Marche,

marche,

marche…

.

Le feu

de ton regard

se laissera

porter

 .

par l’éclat

ou le baume

d’un

coin de bois

ou de chemin

bercés

par une fraicheur

d’aube…

 .

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.

 peintures © Dominique Hanquart – voir Albums photos

.

 *

Le chemin des surprises…

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Hamid Tibouchi
Serie Toughra à la trace, 2003

Technique mixte sur papier et carton, 40X30cm

 .

 *

 deux poèmes pour Hamid Tibouchi,

.

Rien n’est pris au hasard,
la route mène
là où tu chantes en toi
ce petit morceau
d’attente ou de fureur…

.

et prendre alors,
détour après détour,
le chemin des surprises
les plus ordinaires,

.

puisque tu aimes ces flots
et leur bruit
au passage
caressant ton oreille…

.

*

.

Sur la plus haute branche

un ciel désormais vient, s’épanche, transfigure le creux
de nos regards blessés…

.

Le miel s’écoule
aux rayons d’or,
miel du ciel
sur nos épaules brèves,

.

le temps d’apprendre
à sourire du peu
que l’on pressent
des mots, des branches,
des pas d’un enfant
lorsqu’il s’émerveille
en se frayant un chemin
dans le jardin des peines et des couleurs…

.

Tout vient apprivoiser
notre attente,

que vivent nos yeux,
nos refrains, nos étreintes,

que roule la perle du temps
sous nos doigts d’apprentis,

quand vivre toujours davantage
nous éduque lentement à mourir…

.

Bernard Perroy

*

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*

Pour connaître davantage le peintre et poète Hamid Tibouchi, voir Lien en marge de droite)

 

 

 

 

Juste te dire…

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fruits à Noirmoutier © Jef  Aerosol

.

Juste te dire

la pause

ou l’enfance d’un mot

soudain

qui vient

perler sur le bord

de tes lèvres…

 .

Jus citron

ou autres fruits du vent

soufflant toujours

où l’on voudrait

secrètement

protéger ce petit univers

d’inquiétude ou de rêve…

 .

Et la parole danse

avec ce peu

des petits jours tranquilles

dont la rareté

nous exaspère,

 .

nourrissant

dans le même temps

l’ardeur

de notre quête…

 .

Bernard Perroy

*

Un mot sur Philippe Mac Leod

Quand les mots se retirent d’eux-mêmes
pour laisser place à la lumière

par Bernard Perroy

Philippe Mac Leod nous attire et nous surprend. Il nous décrit le monde, et particulièrement les paysages pyrénéens qui l’entourent, avec une grande simplicité, mais dans un regard contemplatif qui traverse toute chose, ou plutôt l’accueille, à la lumière de ce qui nous dépasse et qui pourtant fonde tout élan humain…

« Fraîcheur première »

Ses descriptions sont à la fois réalistes, remplies de détails et de saveur, s’attardant sur une branche, un soleil, un bruit d’eau… et dans le même temps, ce sont des “descriptions-supports” pour entrer dans la limpidité d’un monde “autre”, d’un paysage intérieur, d’un “invisible” qui sous-tend le “visible”… Mais rien d’introspectif, aucune pesanteur ou rationalisation… Bien plutôt des “faits” d’expérience, avec la légèreté de quelqu’un qui pratique l’émerveillement, écartant le voile des apparences pour nous faire pressentir la profondeur du réel en ses mille et une choses dont il ne faut « jamais perdre le contact fragile avec leur fraîcheur première. » (in “L’infini en toute vie”, éd. Ad Solem, 2008).

« Tout est en toi »

Chez Philippe Mac Leod, il y a toujours – volontairement ou non – ce double jeu, cette réciprocité entre “intériorité” et “extériorité”, entre le fait de scruter des « platanes le long du canal, hauts dans la lumière vive, et nus sur l’azur » à qui l’auteur confie : « Je vous aime, frères élancés, sous l’écorce de vos âges légers sur l’eau, fermes en la terre mais tout entiers pour le ciel » (in “Le pacte de lumière”, éd. Le Castor Astral, 2007), et le fait de préciser : « Tout est en toi, c’est de ton cœur le plus profond que la lumière surgira » (in “L’infini en toute vie”), ou encore : « Que cherchons-nous, sinon ce que déjà nous portons ? » (idem).

« Cette soif des commencements »

Oui, il y a de la ténacité chez Philippe Mac Leod à nous livrer toujours le même message, en contrepoint de beaucoup d’autres œuvres contemporaines : un message de vie, d’espérance, de lumière… Mais ne nous y trompons pas : derrière cette apparente tranquillité, cette vie d’ermite qui est celle du poète, derrière ce ferment de “Sagesse” que peuvent contenir ses mots, il y a d’abord et toujours un élan brûlant, une recherche, une faim… « Nous sommes toujours en route, je ne puis me concevoir qu’en marche » écrit-il dans “L’infini en toute vie” et un peu plus loin : « Le chemin s’invente » (idem). Ce marcheur, au sens propre comme au figuré, insiste en nous confiant : « Nous n’aurons pas d’autre gage, que cette soif des commencements » (idem).

Un pèlerinage du coeur

Page après page, il s’agit dans le fond d’un pèlerinage, autant avec les pieds qu’avec le coeur. Une marche délectable pour le lecteur de ces textes poétiques dont le style se met au service d’un émoi simple et si pur quand l’auteur admire ce « paysage craquelé comme un vieux tableau, tissé de brume et d’une lumière si blanche » que Philippe Mac Leod se demande : « Passerons-nous au travers ?»

Nous aurions envie de nous attarder en compagnie de ces pages qui respirent le jour, la nuit, les vignes, les saisons, la vallée, le ruisseau, les petits matins, les arbres, la montagne… jusqu’à sentir parfois combien, « au clair de l’hiver, chaque feuille brûle d’une clarté secrète et rayonne autour d’elle comme un jour cousu de transparence »…

Bernard Perroy

*

 éléments de bibliographie :

- Habiter les mots (Ad Solem, 2016)

- Le Vif, le Pur (Le Passeur, 2013)

- Le pacte de lumière (Le Castor Astral, 2007)

- Sagesses (Ad Solem, 2001)

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“Béatitudes” de Pierre Deuse – photo © D. Lefevre

Une lampe et un fleuve d’abandon…

 

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Pour connaître la lumière – André Gence

.

Je ne sais quel chemin emprunter,

quel soleil pour demain,

quel vent nouveau et nourricier,

pour quelle dangereuse poursuite,

pour quel étrange destin…

.

Et si nos peines

ont du mal à se taire,

il me reste tout de même ce sang

qui court dans tous les canaux de ma vie,

cette pauvre démarche en moi

qui ne suis qu’un homme de peu,

si fragile,

.

mais qui sait combien

toutes ses boiteries

sont sa seule façon de danser

vers la lumière,

vers cet immense cadeau

qui se pelotonne

dans le fond de son coeur,

ce halo, cette pointe,

ce regard

dont la tendresse

n’a pas de fin…

*

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Sculture de verre (fusing) – Serge Nouailhat

.

Pour quelle saison,

ces rires,

ces cris,

ces suintements de voix ?

.

Tout appareille

pour un trajet désencombré,

comme désappris…

.

Et la lumière s’immisce

par la fente du coeur

quand il n’attend plus rien,

.

offert aux flux et reflux

d’un fleuve désarmé,

d’un fleuve d’abandon…

*

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Mélodie tranversale – André Gence

Tout murmure

lentement

et nulle armure…

Pour seule protection,

comme ces palissades de bois

piqués dans les dunes,

l’enclos du coeur…

Il couve un tout petit morceau de chaud,

un refuge permanent,

la seule lampe qui vaille,

même s’il nous faut

la débusquer d’aventure,

nous armer de patience,

nous rendre à l’évidence,

et la trouver soudain

vibrante,

palpitante,

sous le fatras peuplé

de nos cendres encombrantes

mais qui pourraient

bientôt s’envoler

dans un ultime coup de vent…

*

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Ombre intérieure – André Gence

.

Je ne m’arrête pas,

je ne m’arrête plus…

Nul besoin de compter

les arbres

sur le bord du sentier…

Rien qu’une marche

à pas lents,

à pas pressés…

Pour quel temps d’impatience

alors que sombrent pour l’heure

toutes nos certitudes ?

Car le jour baisse

et notre lampe semble faiblir

qui  persiste pourtant

– comme frétille l’anguille -

à ne

nous éclairer

que pas après pas…

*

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peinture de Kim En joog – photo © D. Lefevre

.

De temps en temps

te me reprends

par la beauté d’un lieu,

d’un paysage, d’un visage,

qui me déprennent de moi-même

et me placent dans le flot…

Comme l’oiseau dans le flux de l’air,

très simplement…

 

Comme le faiseur de chapeau

ou de charpente

ou d’autre chose encore

quand ses mains, plus que l’objet,

le façonnent

en le rapprochant

imperceptiblement

de toi…

 

*

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Kim En Joong avec l’un de ses frères dominicains – © D. Lefevre

 *

Trésors du bocage… de Pascale Nouailhat

Symphonie végétale...
Album : Symphonie végétale...
Pascale Nouailhat possède l'art de nous faire vivre un véritable pèlerinage à travers les merveilles des sous-bois et des champs, et d'enchanter nos âmes !
12 images
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