Pour connaître la lumière – André Gence
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Je ne sais quel chemin emprunter,
quel soleil pour demain,
quel vent nouveau et nourricier,
pour quelle dangereuse poursuite,
pour quel étrange destin…
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Et si nos peines
ont du mal à se taire,
il me reste tout de même ce sang
qui court dans tous les canaux de ma vie,
cette pauvre démarche en moi
qui ne suis qu’un homme de peu,
si fragile,
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mais qui sait combien
toutes ses boiteries
sont sa seule façon de danser
vers la lumière,
vers cet immense cadeau
qui se pelotonne
dans le fond de son coeur,
ce halo, cette pointe,
ce regard
dont la tendresse
n’a pas de fin…
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Sculture de verre (fusing) – Serge Nouailhat
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Pour quelle saison,
ces rires,
ces cris,
ces suintements de voix ?
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Tout appareille
pour un trajet désencombré,
comme désappris…
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Et la lumière s’immisce
par la fente du coeur
quand il n’attend plus rien,
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offert aux flux et reflux
d’un fleuve désarmé,
d’un fleuve d’abandon…
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Mélodie tranversale – André Gence
Tout murmure
lentement
et nulle armure…
Pour seule protection,
comme ces palissades de bois
piqués dans les dunes,
l’enclos du coeur…
Il couve un tout petit morceau de chaud,
un refuge permanent,
la seule lampe qui vaille,
même s’il nous faut
la débusquer d’aventure,
nous armer de patience,
nous rendre à l’évidence,
et la trouver soudain
vibrante,
palpitante,
sous le fatras peuplé
de nos cendres encombrantes
mais qui pourraient
bientôt s’envoler
dans un ultime coup de vent…
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Ombre intérieure – André Gence
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Je ne m’arrête pas,
je ne m’arrête plus…
Nul besoin de compter
les arbres
sur le bord du sentier…
Rien qu’une marche
à pas lents,
à pas pressés…
Pour quel temps d’impatience
alors que sombrent pour l’heure
toutes nos certitudes ?
Car le jour baisse
et notre lampe semble faiblir
qui persiste pourtant
– comme frétille l’anguille -
à ne
nous éclairer
que pas après pas…
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peinture de Kim En joog – photo © D. Lefevre
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De temps en temps
te me reprends
par la beauté d’un lieu,
d’un paysage, d’un visage,
qui me déprennent de moi-même
et me placent dans le flot…
Comme l’oiseau dans le flux de l’air,
très simplement…
Comme le faiseur de chapeau
ou de charpente
ou d’autre chose encore
quand ses mains, plus que l’objet,
le façonnent
en le rapprochant
imperceptiblement
de toi…
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Kim En Joong avec l’un de ses frères dominicains – © D. Lefevre
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