Archive pour la Catégorie 'AU FIL DU TEMPS… 1'

Une lampe et un fleuve d’abandon…

 

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Pour connaître la lumière – André Gence

.

Je ne sais quel chemin emprunter,

quel soleil pour demain,

quel vent nouveau et nourricier,

pour quelle dangereuse poursuite,

pour quel étrange destin…

.

Et si nos peines

ont du mal à se taire,

il me reste tout de même ce sang

qui court dans tous les canaux de ma vie,

cette pauvre démarche en moi

qui ne suis qu’un homme de peu,

si fragile,

.

mais qui sait combien

toutes ses boiteries

sont sa seule façon de danser

vers la lumière,

vers cet immense cadeau

qui se pelotonne

dans le fond de son coeur,

ce halo, cette pointe,

ce regard

dont la tendresse

n’a pas de fin…

*

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Sculture de verre (fusing) – Serge Nouailhat

.

Pour quelle saison,

ces rires,

ces cris,

ces suintements de voix ?

.

Tout appareille

pour un trajet désencombré,

comme désappris…

.

Et la lumière s’immisce

par la fente du coeur

quand il n’attend plus rien,

.

offert aux flux et reflux

d’un fleuve désarmé,

d’un fleuve d’abandon…

*

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Mélodie tranversale – André Gence

Tout murmure

lentement

et nulle armure…

Pour seule protection,

comme ces palissades de bois

piqués dans les dunes,

l’enclos du coeur…

Il couve un tout petit morceau de chaud,

un refuge permanent,

la seule lampe qui vaille,

même s’il nous faut

la débusquer d’aventure,

nous armer de patience,

nous rendre à l’évidence,

et la trouver soudain

vibrante,

palpitante,

sous le fatras peuplé

de nos cendres encombrantes

mais qui pourraient

bientôt s’envoler

dans un ultime coup de vent…

*

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Ombre intérieure – André Gence

.

Je ne m’arrête pas,

je ne m’arrête plus…

Nul besoin de compter

les arbres

sur le bord du sentier…

Rien qu’une marche

à pas lents,

à pas pressés…

Pour quel temps d’impatience

alors que sombrent pour l’heure

toutes nos certitudes ?

Car le jour baisse

et notre lampe semble faiblir

qui  persiste pourtant

– comme frétille l’anguille -

à ne

nous éclairer

que pas après pas…

*

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peinture de Kim En joog – photo © D. Lefevre

.

De temps en temps

te me reprends

par la beauté d’un lieu,

d’un paysage, d’un visage,

qui me déprennent de moi-même

et me placent dans le flot…

Comme l’oiseau dans le flux de l’air,

très simplement…

 

Comme le faiseur de chapeau

ou de charpente

ou d’autre chose encore

quand ses mains, plus que l’objet,

le façonnent

en le rapprochant

imperceptiblement

de toi…

 

*

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Kim En Joong avec l’un de ses frères dominicains – © D. Lefevre

 *

Brillent les mots comme perles précieuses dans l’eau de la nuit…

à Jean Hourlier,

L’homme et l’eau se rassemblent
pour une fête d’ombres
et de miroitements…

L’aube pointe son corps
d’ocre et de bleu,
de présence lumineuse
sur la surface du lac…

Mais qu’as-tu vu
qui traîne sa transparence
comme une buée fertile sur tes yeux ?

La nuit plus claire que le jour
caresse ton âme de son essaim d’astres
étoilant l’ébène du ciel…

Œuvre d’un mot peut-être dans ta chair,
d’un nom inaudible,
d’un sens par-derrière l’oreille
que tu ramasses par éclats, par éclairs,

comme ces poissons luisants
qui se vrillent et se tordent
dans le filet de ton poème
encore à peine sorti de l’eau…

Bernard Perroy

 *

à notre ami Serge Wellens

Serge nous a quitté dimanche 31 janvier et fut enterré jeudi 4 février 2010, à Marans.

Voici un poème qui lui est dédié, ainsi qu’à Nathalie Billecocq dont l’arbre ci-dessous est l’une de ses oeuvres : on sait combien Serge aimait les arbres…


arbreprincier.jpg

Mon arbre princier…

.

Ô mon arbre princier
qui sais rester sobre sous tes habits de bruns
cachant tes champs de clarté
et la sage distance que tu prends,
d’un mot amusé,
devant la petite épopée du quotidien…

 .

Tu scrutes pourtant,
à l’intérieur du faible enclos de ton cœur,
le rythme pernicieux ou chamboulé du temps
et son couteau tranchant…

 .

Je te salue
dans l’ombre de ma chair et de ma chambre
à vivre et à écrire
puisque tel est le sens qu’il faut respecter
pour essayer de ne pas mentir…

 .

Je te prie de me mettre dans le flot
de ton flot, dans ce flot qui nous porte
et nous emporte,
et que je n’attende pas trop du jour
ni de la nuit,

 .

que j’aille plutôt sourire
et rendre hommage
à ce qui perle de mon regard bercé
par ces gouttes de neige lente ou de lait
ou de “je ne sais quoi”

 .

qui tombent, et tombent, et tombent,

 .

étoilant de tendresse la nuit
qui entoure cet arbre humble et fier
trempant ses racines dans un bain de lumière,

 .

cet arbre,
ô mon frère,
qui te ressemble…

.

Bernard Perroy

.

*

 

Comme des vers luisants…

 

aquarelle01lierre.jpg
« Lierre » (aquarelle de Pascale Nouailhat)

                                        à Nathalie Billecocq,

Le monde serpente en tout sens,
n’est plus que ce chemin de fin du jour,
pierre après pierre…

On s’échine à dévaler la pente,
à la remonter vers la frontière
entre cimes et nuées…

Et déjà le pied heurte un pauvre nom
caché sous la poussière,
une petite larme qui se sèche au soleil,
un regard enfantin,
un bond imaginé,
une heure nouvelle dans le grand vent
agitant pour un temps
la crinière des arbres,
la perle ou l’or d’une rencontre perdue…

Rien encore,
ni la danse, ni le chant,
ni l’empreinte de quoi que ce soit,
n’est apparu sous le silence profond,
de pourpre, d’encre ou d’azur,
qui habite le cœur en ses patios d’attente,
ses essaims d’astres et de tout ce qui tourne
en tout sens…

Et toi qui meurs de vouloir vivre en trop plein,
qui t’assoiffes de boire à la source invisible,
qui boîtes et te laisses engloutir
dans l’avalanche à la fois
des peines et des « sans-soucis »,
des colchiques dispersées
dans le hameau des songes,

as-tu déjà cherché de ce côté-ci
les mots que tu aimes tant
parce qu’ils savent marcher dans l’ombre,
comme des vers luisants,
en se sachant si dignes d’être inutiles…

                                            Bernard Perroy

 

(voir le Blog de Nathalie Billecocq, La Lucarne ovale)

(voir le site de Pascale Nouailhat)

Chants d’ici…

                                        à Serge Wellens,

Chants d’ici et d’ailleurs

à la faveur d’un brin d’humeur

ou de sentiment…

Et les heures s’enfilent
de la plus haute à la plus basse branche
puisque c’est dans ce sens
qu’il convient de marcher en chantant
pour débusquer la racine des choses,
toute lumière d’amour et de feu,
toute pépite de vie,

que ce soit dans l’épine

ou la rose…

                                        Bernard Perroy

 

(© extrait « Sur la plus haute branche », Sac à Mots éditions, décembre 2011)

Deux inédits pour la fin de ce jour…

*

.

dessin07mystere.jpg

“Mystère”, peinture de Pascale Nouailhat

 .

Combien j’aimerais ne plus prendre de retard

quand il s’agit de voir ou plutôt

de se laisser cueillir par les surprises

que me réserve l’immobile cerisier…

.

Splendide façon de se donner

dans son mystère,

perle après perle,

perle d’amour ou de beauté

dont le pourpre éclate comme le champignon

.

dans la solitude paisible du pré…

.

                                              Bernard Perroy

.

*

(voir site de Pascale Nouailhat) 

Poèmes dits…

Poèmes de Bernard Perroy, déjà publiés ou inédits, lus par l’auteur un soir de printemps, accompagné par le pianiste Nicolas Celoro, à l’Abbaye Blanche (Mortain – Normandie), lors d’un vernissage où exposaient la sculptrice Catherine Carré, le peintre Marcel Hasquin, le plasticien Rachid Koraïchi

.

                         à Alain Suied,

.

Mon âme,

il te revient sur le chemin

ce nom oublié,

.
ce jour parmi les jours
que préserve ton cœur
tout au fond,

.

cet instant
depuis ta venue
en ce monde,

.

éloge déjà
du jour
où tes yeux
se fermeront

.

sur des feux
nouveaux,

sur la lumière d’avant,
d’après la nuit,

.

sur l’incendie
de ton éternel repos…

.

       *

.

                à Jean-Pierre Lemaire,

.

Te souviens-tu ?

.

L’odeur des premiers fruits
tombés de l’arbre après la pluie,
le jeu des sourires
nettoyant les visages abattus,

.

au-dessous de la cendre
les mouvements du feu
comme les dix doigts
courant sur la flûte,

.

l’ancienne chanson,
l’étoile retrouvée,
l’étoile toujours neuve,

l’enfance d’un pardon…

.

        *

.

                            à Rachid Koraïchi,

.

Les animaux se sont assoupis,

un silence de sable balaie ton enclos…

.

Les enfants sous la tente

rêvent de soleils et de lunes,
et leurs paupières
se ferment sur des trésors enfouis…

.

Toute parole se tait,
que prenne place le chant des astres,

que le désert de ton cœur
brûle comme braise

dans l’âtre du monde…

.

 Bernard Perroy

.

Bernard Perroy (déset occidental Égypte)

B. Perroy et un ami – désert Egypte © C. Deher

.

Le désert entre en toi

comme une nouvelle ivresse,
une amitié avec ce que
tu ne connais pas…

.

Tu lèves le verre
au péril de la vie,

à sa musique entraperçue
derrière les voiles du vent…

.

       *

Nos yeux s’allument,
redeviennent les yeux de notre enfance
quand tout n’était qu’un jeu
et l’univers entier un pays familier…

.

Mais la pierre sur le chemin
nous rappelle le chant de chaque jour,
le rythme sourd sur lequel s’appuyer
pour mieux croître à l’ombre des cimes.

.

                 *

.

            pour la sculpture-oiseau de Catherine Carré,

.

Oiseau poète
tu penches la tête sur le monde…

.

À l’endroit
à l’envers
tu le regardes
et tu l’aimes…

.

Après le vol
tu touches terre
planté sur tes deux
pattes parallèles

et tu refermes tes ailes
sur le silence de tes
humbles secrets…

.

         *

.

                à Gilles Manero,

.

Rien à dire
de ce pas
qui nous mène
à plus grand que soi,

.

de cette voix
qui nous poursuit
au-delà des chemins
et des jours,

de ce qui sourd
du fond du cœur
à l’heure
où les mots
ne deviendraient
qu’un témoignage du silence

.

        *

Naître tout simplement
durant le jour
à l’occasion d’un sourire…

L’absence se trouve comblée
d’un geste ou d’un soupir…

Le livre s’ouvre
sur la page
à remplir…

.

        *




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