Un mot sur Hanna Sidorowicz…

Une alchimie de l’âme
par Bernard Perroy

Peintre d’origine polonaise, Hanna Sidorowicz nous offre un univers très personnel, peuplé d’anges, de visages, de personnages, en des scènes dont le sens profond est laissé à notre contemplation et à notre propre interprétation… Nous avons rencontré Hanna Sidorowicz à Paris où elle vit et travaille depuis vingt-cinq ans en occupant une place toute particulière sur la scène artistique actuelle.

l1070066.jpgphoto © Dominique Lefevre

Bienheureuse intuition…

Son travail procède d’une démarche très intuitive et ne cherche pas toujours le sujet précis : « On est porteur de beaucoup de choses. À un moment il faut l’exprimer. Les sujets, les couleurs ? Çà me vient souvent au réveil !.. » Plus que d’une architecture ou de la beauté d’un paysage, c’est ce qui habite l’homme, ses interrogations, sa misère, sa souffrance, sa beauté… C’est toute cette “pâte humaine” qui retient notre artiste. De multiples personnages sont rassemblés dans ses toiles sans que l’on sache trop ce qu’ils font, ce qu’ils se partagent ou se racontent… Ils sont souvent à la recherche de quelque chose, d’un sens peut-être de la vie ? « Libre à chacun d’y voir et d’y ressentir ce qu’il veut. »

l1070080.jpgphoto © Dominique Lefevre

 

Dessin et peinture dès l’enfance

Sa passion pour le dessin et la peinture remonte à son enfance : « Dans la bibliothèque de mes parents, j’avais déniché un manuel russe de dessin, j’y ai découvert les dessins de Léonard de Vinci et rêvais de dessiner comme lui ! J’aimais aussi Rembrandt et tous ces peintres dont je copiais les tableaux en désirant faire partie de leur univers. »

Une alchimie de l’âme…

Les tableaux d’Hanna nous renvoient à nos propres interrogations. Elle fait sienne la parole d’un artiste, trouvée dans un article, à peu près en ces termes : « Même si je suis un artisan qui pose tel ou tel pigment sur la toile, il se dégage de celle-ci une autre alchimie que celle des couleurs, c’est celle de l’âme… J’espère que ma peinture vient de l’intérieur. » Ses toiles traitent davantage des couleurs et des interrogations intimes de son coeur que d’un sujet extérieur précis. « On peint toujours un peu de soi-même », nous dit Hanna.

Entre visible et invisible

Dans ses oeuvres, nous sommes souvent en présence d’anges, ou bien d’un “cercle” humain, pour quelle relation entre les protagonistes ? Pourquoi des anges reviennent-ils si souvent chez l’artiste ? Hanna aime entre autres répéter qu’ils sont « un pont entre la terre et le ciel, entre le visible et l’invisible. » Et tous ses personnages font écho également à ce qui se passe d’invisible entre les hommes, ce qui ne se dit pas toujours, mais qui s’exprime autrement, et plus fondamentalement, par une qualité de présence, tout simplement…

l1070105.jpgphoto © Dominique Lefevre

Jouer avec la lumière…

Hanna aime jouer avec la lumière, les contours et les contrastes : des silhouettes, contours noirs sur fond blanc… Une seule couleur, le rouge, pointe dans cet univers comme un rehaussement qui “flatte” l’œil en même temps qu’il représente peut-être un cri, une touche de vie, une note de sang ? Une paix, curieusement, habite ces tableaux nimbés de silence, et d’ue certaine “suspension” du temps…

 

Le trait et le mouvement…

Sa technique est celle du dessin et de la calligraphie. Même si le travail est spontané, il nécessite aussi beaucoup de concentration pour que le trait, incisif, résultant de toute une gestation, surgisse avec justesse. Le trait et le mouvement font une grande part de l’œuvre d’Hanna. Elle utilise la tempera, peinture au jaune d’œuf dont la technique, très répandue au Moyen-Âge, permet que « la couleur garde, à travers le temps, toute sa fraîcheur. »

Hanna Sidorowicz nous exprime, pour finir, son désir : « Que nous nous arrêtions, que nous rentrions dans une œuvre comme dans une sorte de parenthèse spirituelle qui nous amène à notre univers intérieur et nous sort pour un temps de nos soucis quotidiens »…


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Éléments de biographie

Née en 1960 en Pologne
1984 : diplômée de l’École des Beaux-Arts de Gdansk
1985 : s’installe définitivement en France
1987 : diplômée de l’École des Arts Décoratifs de Paris
1981 / 2010 : multiples expositions en France, Angleterre, Grèce, Pologne, Suède, U.S.A., Chine…



Le monde silencieux… d’Hanna Sidorowicz

Entre visible et invisible - Hanna Sidorowicz
Album : Entre visible et invisible - Hanna Sidorowicz
Peintre inclassable, d'origine polonaise, Hanna Sidorowicz vit à Paris... Son oeuvre, si personnelle, oscille entre dessin et peinture, héritage et modernité, abstraction et figuration... Entrons dans ce monde qui à la fois nous attire et nous interroge.
8 images
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Horizons intérieurs… de Dominique Hanquart

Une soif de lumière... - Dominique Hanquart

 

 

 

 

Un mot sur Nathalie Nabert…

SANCTUAIRE (éd. Ad Solem, 2008)

Une expérience d’encre et d’écriture sur l’espace sacré

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(article de Bernard PERROY paru dans la revue Feu et Lumière, n°287, oct 2009)

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Nathalie et Fleur Nabert, la mère et la fille, ont ensemble réalisé un ouvrage splendide intitulé  “Sanctuaire”. L’une y dépose ses poèmes, l’autre ses encres…

 Ici nous passons de l’exil à la profondeur du sanctuaire, de la nuit ressassée à la nuit bénissante, écrit Nathalie. “Sanctuaire” : un lieu mis à part pour nous retirer des bruits du dehors ou du dedans, pour cheminer vers notre propre sanctuaire intérieur et nous laisser rejoindre, au-delà du visible, par le toucher de Dieu.

 .

Respirer le silence

 Ce cheminement se fait dans l’espace, du parvis jusqu’au chœur en passant par la nef, et dans le temps, par le déroulement d’une liturgie. Le livre, dont le format épouse celui des encres (27 x 36 cm), suggère par son découpage cette progression, en 15 chapitres et 15 encres aux titres évocateurs : Profondeur de la nef, Luminaires, L’encens, La parole mangée, Les rythmeurs sacrés… Autour du texte, beaucoup de blanc, de marge… Un livre dans lequel on “respire” le silence…

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La Table des profondeurs, encre, 27, 36 cm

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Les encres de Fleur (1) utilisent à la fois la puissance et la sobriété du “noir et blanc”. Dans la “Table des profondeurs” nous sont restituées, en quelques lignes proches de l’abstraction, l’hostie, la patène, la table de l’autel : Là, il se tient, enchemisé dans la nudité des espèces, lueur d’aube et de gratitude. Certitude !

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Toucher l’infini

Ces choses humbles et quotidiennes voilent et dévoilent en même temps le mystère d’une transcendance : certitude de foi dans le corps et le sang du Christ. Le mystère, entouré de blanc, s’élève comme une aube qui s’ouvre au cœur de la nuit. Nathalie avoue être revenue au Christ à 33 ans, lors d’une “messe de rentrée” de sa fille, au cours de l’élévation de l’hostie.

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Par contraste avec les coups “griffés” de la plume, une “végétalisation” de l’encre, semblable à une “douceur d’algues”, entoure la zone blanche comme le parement (2) d’un autel. Entre l’encre et les mots, tout traduit une dimension d’éternité qui dépasse le simple présent : Voici la table des profondeurs, le festin divin, où nous touchons l’infini.

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Le Danseur Galiléen, encre, 27 x 36 cm

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Deux écritures

Les encres de Fleur donnent une atmosphère à la fois ondoyante et dense, par une technique qui demande énormément d’eau. Nous le voyons particulièrement dans “L’eau et le sel” où un homme lève les bras : Terre d’offrande… Entre nos mains nomades, nous te saluons ! L’écriture de Nathalie est “resserrée”, aphoristique, digne d’un René Char qui lui écrivait en 1973 : « La poésie bat dans votre cœur. Gardez-la car elle vous chérit. » (3) Le texte se réfère au monde “fini”, animal, minéral, archéologique (4), mais il est également marqué par un rythme profond, un souffle qui traduit une quête des origines, de l’universel ainsi que de l’indicible…

 .

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L’eau et le sel, encre, 27 x 36 cm

 .

Bienheureux coup de cœur de la fille pour les textes de sa mère ! (elles travaillent habituellement de façon indépendante) qui nous vaut, en l’objet d’art comme en nos cœurs, une œuvre tout à fait inattendue, à la fois de rencontre et de soif…

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Nathalie Nabert : Née en 1955. Poète et Docteur en langue et littérature médiévale. Doyen honoraire de la Faculté des lettres de l’Institut catholique de Paris. Dirige le Centre de recherche de la spiritualité cartusienne (5)

Fleur Nabert : Née en 1980. Sculpteur et peintre. Études supérieures de Lettres à Henri IV puis en Sorbonne. Aujourd’hui éditrice. Expositions personnelles et commandes (créations, aménagements liturgiques, vitraux…)

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Notes
(1) Sur Fleur Nabert, voir notre article dans F&L n° 255 (nov 2006)
(2) Bande de tissu ouvragé ornant le pourtour de l’autel.
(3) Parmi les œuvres poétiques de Nathalie : Finitude, La Barbacane, 1992, L’hiver ne sera plus dans mon amour, La Barbacane, 2003
(4) L’auteur est passionnée de préhistoire
(5) Spécialiste de la question, l’auteur a écrit plusieurs ouvrages dont Les larmes, la nourriture, le silence, Beauchesne, 2001, Prières cachées des chartreux, Seuil, 2009, Les Moniales chartreuses, Ad Solem, 2009.

Et de façon personnelle, chez Ad Solem : Liturgie intérieure, 2004 (Prix des écrivains croyants), Le maître intérieur, 2006

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article de Bernard PERROY paru dans la revue Feu et Lumière, n°287, oct 2009.

 *

Parmi ses autres ouvrages, à signaler :

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Comme des vers luisants…

 

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« Lierre » (aquarelle de Pascale Nouailhat)

                                        à Nathalie Billecocq,

Le monde serpente en tout sens,
n’est plus que ce chemin de fin du jour,
pierre après pierre…

On s’échine à dévaler la pente,
à la remonter vers la frontière
entre cimes et nuées…

Et déjà le pied heurte un pauvre nom
caché sous la poussière,
une petite larme qui se sèche au soleil,
un regard enfantin,
un bond imaginé,
une heure nouvelle dans le grand vent
agitant pour un temps
la crinière des arbres,
la perle ou l’or d’une rencontre perdue…

Rien encore,
ni la danse, ni le chant,
ni l’empreinte de quoi que ce soit,
n’est apparu sous le silence profond,
de pourpre, d’encre ou d’azur,
qui habite le cœur en ses patios d’attente,
ses essaims d’astres et de tout ce qui tourne
en tout sens…

Et toi qui meurs de vouloir vivre en trop plein,
qui t’assoiffes de boire à la source invisible,
qui boîtes et te laisses engloutir
dans l’avalanche à la fois
des peines et des « sans-soucis »,
des colchiques dispersées
dans le hameau des songes,

as-tu déjà cherché de ce côté-ci
les mots que tu aimes tant
parce qu’ils savent marcher dans l’ombre,
comme des vers luisants,
en se sachant si dignes d’être inutiles…

                                            Bernard Perroy

 

(voir le Blog de Nathalie Billecocq, La Lucarne ovale)

(voir le site de Pascale Nouailhat)

Chants d’ici…

                                        à Serge Wellens,

Chants d’ici et d’ailleurs

à la faveur d’un brin d’humeur

ou de sentiment…

Et les heures s’enfilent
de la plus haute à la plus basse branche
puisque c’est dans ce sens
qu’il convient de marcher en chantant
pour débusquer la racine des choses,
toute lumière d’amour et de feu,
toute pépite de vie,

que ce soit dans l’épine

ou la rose…

                                        Bernard Perroy

 

(© extrait « Sur la plus haute branche », Sac à Mots éditions, décembre 2011)

Deux inédits pour la fin de ce jour…

*

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“Mystère”, peinture de Pascale Nouailhat

 .

Combien j’aimerais ne plus prendre de retard

quand il s’agit de voir ou plutôt

de se laisser cueillir par les surprises

que me réserve l’immobile cerisier…

.

Splendide façon de se donner

dans son mystère,

perle après perle,

perle d’amour ou de beauté

dont le pourpre éclate comme le champignon

.

dans la solitude paisible du pré…

.

                                              Bernard Perroy

.

*

(voir site de Pascale Nouailhat) 

Poèmes dits…

Poèmes de Bernard Perroy, déjà publiés ou inédits, lus par l’auteur un soir de printemps, accompagné par le pianiste Nicolas Celoro, à l’Abbaye Blanche (Mortain – Normandie), lors d’un vernissage où exposaient la sculptrice Catherine Carré, le peintre Marcel Hasquin, le plasticien Rachid Koraïchi

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                         à Alain Suied,

.

Mon âme,

il te revient sur le chemin

ce nom oublié,

.
ce jour parmi les jours
que préserve ton cœur
tout au fond,

.

cet instant
depuis ta venue
en ce monde,

.

éloge déjà
du jour
où tes yeux
se fermeront

.

sur des feux
nouveaux,

sur la lumière d’avant,
d’après la nuit,

.

sur l’incendie
de ton éternel repos…

.

       *

.

                à Jean-Pierre Lemaire,

.

Te souviens-tu ?

.

L’odeur des premiers fruits
tombés de l’arbre après la pluie,
le jeu des sourires
nettoyant les visages abattus,

.

au-dessous de la cendre
les mouvements du feu
comme les dix doigts
courant sur la flûte,

.

l’ancienne chanson,
l’étoile retrouvée,
l’étoile toujours neuve,

l’enfance d’un pardon…

.

        *

.

                            à Rachid Koraïchi,

.

Les animaux se sont assoupis,

un silence de sable balaie ton enclos…

.

Les enfants sous la tente

rêvent de soleils et de lunes,
et leurs paupières
se ferment sur des trésors enfouis…

.

Toute parole se tait,
que prenne place le chant des astres,

que le désert de ton cœur
brûle comme braise

dans l’âtre du monde…

.

 Bernard Perroy

.

Bernard Perroy (déset occidental Égypte)

B. Perroy et un ami – désert Egypte © C. Deher

.

Le désert entre en toi

comme une nouvelle ivresse,
une amitié avec ce que
tu ne connais pas…

.

Tu lèves le verre
au péril de la vie,

à sa musique entraperçue
derrière les voiles du vent…

.

       *

Nos yeux s’allument,
redeviennent les yeux de notre enfance
quand tout n’était qu’un jeu
et l’univers entier un pays familier…

.

Mais la pierre sur le chemin
nous rappelle le chant de chaque jour,
le rythme sourd sur lequel s’appuyer
pour mieux croître à l’ombre des cimes.

.

                 *

.

            pour la sculpture-oiseau de Catherine Carré,

.

Oiseau poète
tu penches la tête sur le monde…

.

À l’endroit
à l’envers
tu le regardes
et tu l’aimes…

.

Après le vol
tu touches terre
planté sur tes deux
pattes parallèles

et tu refermes tes ailes
sur le silence de tes
humbles secrets…

.

         *

.

                à Gilles Manero,

.

Rien à dire
de ce pas
qui nous mène
à plus grand que soi,

.

de cette voix
qui nous poursuit
au-delà des chemins
et des jours,

de ce qui sourd
du fond du cœur
à l’heure
où les mots
ne deviendraient
qu’un témoignage du silence

.

        *

Naître tout simplement
durant le jour
à l’occasion d’un sourire…

L’absence se trouve comblée
d’un geste ou d’un soupir…

Le livre s’ouvre
sur la page
à remplir…

.

        *

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